A l'heure où les prix agricoles s'envolent sur les marchés boursiers, SOLIDARITÉ réaffirme son engagement envers la souveraineté alimentaire, en promouvant les ressources locales.
C'est le message que SOLIDARITÉ a porté durant le FSM de Dakar au mois de février 2011, en s'appuyant sur la création d'un espace d'artisanat alimentaire.
C’est la richesse et les suites de cette expérience que nous voulons partager avec vous sur ce blog, en attendant la mise en œuvre de projets de long terme en partenariat avec les organisations paysannes d’Afrique de l’Ouest...
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14 février 2011

Table ronde sur « La valorisation des céréales locales : un atout important pour la souveraineté alimentaire »

Compte-rendu de la table ronde du 11/02/2011 organisée par l’ASPRODEB

L’objet des échanges était de formuler des propositions d’amélioration pour une consommation plus importante de céréales locales dans l’alimentation humaine et animale.


Les organisations présentes pour en débattre (de droite à gauche sur la photo) :
- FNBS : la Fédération Nationale des Boulangers du Sénégal
- Afrique Verte : ONG française qui travaille sur l’amélioration de la sécurité et la souveraineté alimentaire au Sahel
- CNES : la Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal
- ASPRODEB : Association Sénégalaise pour la Promotion du Développement à la Base
- Agridev : Agriculture développement, transformateur de farines de mil et de maïs
- ITA : l’Institut de Technologies Alimentaires
- FONGS : fédération des ONG du Sénégal
- La maison du consommer sénégalais (absente de la photo)

Les représentants des organisations citées (de droite à gauche)


Les questions cruciales qui ont été abordées :
- Comment augmenter les volumes de production et améliorer la qualité des céréales locales pour répondre aux exigences de transformation ?
- Comment connaître et planifier les demandes des transformateurs/industriels et commerçants ?
- Quelles formes d’organisations entre les différents acteurs ?
- Quelles conditions faut-il satisfaire pour obtenir aisément et rapidement le financement de la production, de la collecte, de la transformation et de la distribution des céréales locales ?
- En conclusion des échanges : quel plan d’actions ou esquisse de plan d’actions ?

Les interventions des différents participants :
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ASPRODEB
L’alimentation est un enjeu mondial. L’Afrique connaît un déficit de production et le continent fait face à une forte croissance démographique. L’Afrique se trouve à la croisée des chemins alors qu’elle est considérée comme le continent qui traîne la patte en termes de sécurité alimentaire (cf. la crise alimentaire en 2008).
L’ASPRODEB considère que la production de céréales est une solution durable pour couvrir les besoins alimentaires. Il faut profiter de la FIARA (Foire Internationale de l’Agriculture et des Ressources Animales) pour aller au-delà des frontières.
Une nutritionniste a montré l’intérêt nutritionnel des céréales locales : ce sont des sucres lents (amidon) utilisés par l’organisme de manière progressive, elles contiennent beaucoup de vitamines et de minéraux, peu de lipides et de bonne qualité. Le Sénégal souffre d’une alimentation trop riche en amidon et trop faible en fibres alors que les céréales locales sont une bonne source de ces dernières. Leur consommation est vivement recommandée aux personnes qui souffrent de problèmes de diabète et de cholestérol. La qualité des sols, les méthodes de culture et de transformation ont également des incidences sur la qualité nutritionnelle de la céréale.

FNBS
Il faut travailler sur la qualité et la quantité de la farine pour augmenter les volumes de production des céréales locales. L’exemple du « Pamiblé » (plus d'informations ici) a montré que l’incitation n’était pas suffisante pour pousser les boulangers à incorporer des céréales locales dans leur production. Mais aujourd’hui toutes les conditions sont réunies au Sénégal. Pour autant il faut noter des forces et des faiblesses.

Forces :
- les recherches faites par l’ITA,
- des projets tels que celui mené actuellement par l’association SOLIDARITÉ avec l’intégration de farine de céréales locales jusqu’à 50 %,
- les matières premières sont disponibles,
- l’intérêt des céréales locales : qualités gustatives et nutritives.

Faiblesses :
- le prix du producteur au transformateur ne doit pas être trop élevé par rapport au prix du blé,
> proposition d’utiliser les terres en  jachère pour augmenter la production car les transformateurs existent
- le prix doit être attractif puisqu’il existe des industries qui peuvent produire en grandes quantités et font concurrence,
- la formation des boulangers qu’il faut intensifier : formation aux techniques de panification spécifiques pour les céréales locales,
- l’information des Sénégalais : il faut leur expliquer que le pain à base de céréales locales à 100 % n’existe pas, que le pain à base de ces céréales est plus foncé, que la farine est aujourd’hui de bien meilleure qualité qu’autrefois et qu’elle se conserve beaucoup plus longtemps,
- le matériel et notamment la taille des pétrins qui n’est pas adaptée,
- l’Etat qui doit jouer son rôle : il doit faire la promotion des céréales locales or aujourd’hui ce n’est pas un de leurs combats alors que le pain est considéré comme un « produit social »
> proposition de supprimer la TVA sur les céréales locales

Afrique Verte
Points mentionnés :
- la structuration de groupements est nécessaire
- l’approvisionnement en matières premières est insuffisant
- le prix doit rester acceptable
- le financement n’est pas accessible aux femmes
- le manque d’équipement adapté
- les problèmes d’hygiène
- le manque de maîtrise des technologies
- les problèmes d’emballage

Agridev
Entreprise qui est, entre autres, spécialisée dans la transformation de farines de mil et de maïs. Elle est basée à Fatick (à 150 km de Dakar environ). Son fondateur a osé relever le défi de la décentralisation mais cela pose des problèmes puisque tout est centralisé au Sénégal.
Le marché des céréales locales a de beaux jours devant lui comme le prouvent les partenariats qu’ils ont mis en place avec l’ITA notamment : les produits sont contrôlés de A à Z et les recherches ont permis d’en améliorer fortement la qualité (et notamment en termes de conservation, jusqu’à 6 mois) et d’augmenter le niveau technique et nutritionnel.
La Banque Mondiale soutient beaucoup les céréales locales et un nouveau projet est sur le point d’être financé. Ce projet va consister en un test pilote sur la région dakaroise avec une diffusion à tout le Sénégal dans un deuxième temps : financement de pétrins, de kiosques à pains et de présentoirs. 100 boulangers de Dakar seront touchés par ce projet.

ITA
Créé en 1963 spécifiquement pour valoriser les céréales locales. Le Sénégal est un gros consommateur de céréales mais le riz et le blé importés ont pris de plus en plus de place sur le marché d’où la volonté de s’attaquer au problème en valorisant les céréales locales.

Les contraintes constatées et les solutions fournies :
- les pertes post récolte (d’environ 30 %) > développement de systèmes de conservation adaptés
- le système de transformation à base d’eau qui limite le temps de conservation > développement de systèmes de transformation par voie sèche pour améliorer la conservation et faciliter la distribution
- le manque de recettes > promotion de nouvelles idées d’utilisation et de recettes
- le manque de matériel adapté > développement de nouveaux matériels

Pour le moment ils ne vont pas plus loin que 15 % d’intégration de céréales locales car les tests à des taux plus élevés ne sont pas de qualité acceptable.

Il y a une volonté affichée de l’Etat mais elle est insuffisante : il faut des mesures plus incitatives pour rendre le coût plus accessible. Il faut également un cadre de concertation entre les différents acteurs pour se mettre ensemble à valoriser les céréales locales.

FONGS
L’organisation travaille de la production à la commercialisation en passant par la transformation des semences. Ces dernières sont un élément indispensable pour assurer la souveraineté alimentaire et leur qualité est un élément indispensable pour garantir la qualité d’un produit.
La production actuelle de semences permet à tout le monde de se fournir en semences de qualité.
La fertilisation des sols et le désenclavement des terres sont deux leviers de progression pour compenser le déclin du bassin arachidier et pour obtenir de meilleurs niveaux de productivité.
Il faut absolument faire changer les mentalités et dépasser l’idée que la consommation du mil et du maïs est réservée à la consommation familiale.
Il faut trouver des partenariats gagnant/gagnant pour les industriels et pour les consommateurs.
Les difficultés viennent du réseau de commercialisation trop peu développé et de la transformation manuelle qui ne peut pas assurer de gros rendements.

La Maison du consommer sénégalais
La directrice a commencé de façon artisanale dans sa maison avant de devoir louer un local et d’embaucher du personnel. L’équipe est passée de 8 personnes à 54 personnes et désormais ça n’est pas suffisant pour répondre à la demande.
Les problèmes qu’elle note :
- Les problèmes d’équipement (notamment pour le séchage) et pour compléter sa production elle fait travailler des petits groupements : elle leur apporte une formation et cela permet d’augmenter le volume.
- Le manque d’appui institutionnel : l’Etat doit donner les moyens aux PME car sans ce soutien certains problèmes ne peuvent pas être résolus.
- Le manque de confiance des banques alors que les prêts demandés sont des petites sommes.

En conclusion (faite par le modérateur de la séance)
- manque de formation de qualité
- manque de communication et de promotion : comment faire pour arriver à faire entrer les produits chez le consommateur ?
- problème de transformation (de qualité, avec des technologies adaptées)
- problème de production


Le débat a ensuite été ouvert avec les questions posées par le public, les questions et les interventions ont été nombreuses. Avant de terminer la session par la présentation des pains réalisés par les boulangers de SOLIDARITÉ et leur dégustation. Elle a été un beau succès et les retours sont concluants.

Présentation des pains par Michel CIRES et dégustation








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