Les experts du monde entier s’accordent pour dire que la Terre est capable de nourrir les 6,5 milliards d’habitants de la planète, la production alimentaire augmente plus vite que la population et la circulation des denrées alimentaires ne cesse de croître sur les marchés internationaux. Pourtant, 925 millions de personnes souffrent toujours de la faim, et les ¾ d’entre elles sont paradoxalement des petits paysans.
Les paysans dans le monde
Les pays industrialisés occidentaux (UE-27, EU, Canada, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande, Norvège, Suisse) ont une population active agricole non seulement très minoritaire, mais en voie de diminution rapide (-58 % de 1980 à 2010) et qui ne représente plus que 1,2% du total mondial en 2010. En revanche, au Sud[1], la population active agricole a fortement augmenté depuis 1980 (+41 %). Enfin, si au Nord les agriculteurs ne sont plus que 3,2 % de la population active, ils sont encore 46 % dans les PED, dont 68% en Afrique de l'Ouest (60,8 % en Chine et 54,4 % en Inde à titre de comparaison).
Aujourd’hui, il existe une dichotomie entre le monde des paysans et des exploitants agricoles. Il y a en effet environ 1,3 milliards de « paysans » et 30 millions d’agriculteurs motomécanisés. L’un promeut l’idée d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement, qui permet une gestion des terres, de l’eau et des semences adaptée aux ressources et aux rythmes naturels. L’autre, est plutôt un entrepreneur agricole, fondant ses choix de production sur des logiques de marché, de rentabilité et d’investissement.
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L’agriculture paysanne vs l’agriculture industrielle
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L’agriculture paysanne vs l’agriculture industrielle
Au cours des 20 dernières années, les politiques alimentaires mises en place ont été fortement défavorables envers l'agriculture paysanne, qui continue pourtant de nourrir plus de 70 % de la population mondiale. En effet, autrefois fondée sur l’autonomie et le respect de l’environnement, l’agriculture paysanne a progressivement cédé le pas à l’industrialisation.
Les paysans ont alors perdu peu à peu leur indépendance, tant au niveau de leur savoir-faire, que de leurs pratiques. En utilisant au quotidien des machineries lourdes, des intrants chimiques, et des semences hybrides, les paysans ont ainsi bouleversé leur façon de travailler mais également leur mode de vie, directement lié à leur
rapport à la terre. Le bouleversement des techniques agricoles est directement corrélé à la privatisation des ressources naturelles (la terre, les semences et l'eau), suggérant d’augmenter leur rendement pour permettre le profit d’industrie agroalimentaires. Le paysan est ainsi devenu un « exploitant agricole » dont la raison d’être est de produire pour un système industriel moins soucieux de nourrir tous les hommes en préservant un environnement sain et durable, que d’augmenter toujours plus la rentabilité des cultures. On est bien loin des valeurs portées traditionnellement par la paysannerie !
Finalement, le grand causeur de trouble est (encore une fois) le paradigme commercial dominant pour les marchés agricoles,: nous produisons ici des pommes de terre pour les exporter ailleurs ; un autre pays produit
également des patates que nous importons. Washington produit des pommes et les exporte en Nouvelle-Zélande, qui à son tour produit des pommes exportées vers Washington. Cette aberration se déroule quotidiennement sous nos yeux, permettant aux entreprises de faire du bénéfice à tous les niveaux : elles récoltent les rentes d’exportation, tout en bénéficiant des aides liées aux politiques protectionnistes, comme les aides à l’exportation de la P.A.C. (Politique Agricole Commune) européenne.
« Toujours plus de rente », c’est donc bien la seule raison qui explique ce système, dans lequel tout le monde échange de la nourriture sur le marché international plutôt que de la consommer sur place en favorisant la production locale.
Ce système basé sur l’intermédiation au profit des grandes multinationales exportatrices pénalise en premier lieu le paysan, qui s’appauvrit du fait de l’iniquité de sa rémunération, par rapport à ses coûts de production et au prix de vente sur le marché international. Au contraire, la part censée revenir de droit aux petits producteurs va directement dans la poche des multinationales et de leur actionnariat, pour gonfler leur bénéfice et leurs dividendes.
Les paysans ont alors perdu peu à peu leur indépendance, tant au niveau de leur savoir-faire, que de leurs pratiques. En utilisant au quotidien des machineries lourdes, des intrants chimiques, et des semences hybrides, les paysans ont ainsi bouleversé leur façon de travailler mais également leur mode de vie, directement lié à leur
rapport à la terre. Le bouleversement des techniques agricoles est directement corrélé à la privatisation des ressources naturelles (la terre, les semences et l'eau), suggérant d’augmenter leur rendement pour permettre le profit d’industrie agroalimentaires. Le paysan est ainsi devenu un « exploitant agricole » dont la raison d’être est de produire pour un système industriel moins soucieux de nourrir tous les hommes en préservant un environnement sain et durable, que d’augmenter toujours plus la rentabilité des cultures. On est bien loin des valeurs portées traditionnellement par la paysannerie !
Finalement, le grand causeur de trouble est (encore une fois) le paradigme commercial dominant pour les marchés agricoles,: nous produisons ici des pommes de terre pour les exporter ailleurs ; un autre pays produit
également des patates que nous importons. Washington produit des pommes et les exporte en Nouvelle-Zélande, qui à son tour produit des pommes exportées vers Washington. Cette aberration se déroule quotidiennement sous nos yeux, permettant aux entreprises de faire du bénéfice à tous les niveaux : elles récoltent les rentes d’exportation, tout en bénéficiant des aides liées aux politiques protectionnistes, comme les aides à l’exportation de la P.A.C. (Politique Agricole Commune) européenne.
« Toujours plus de rente », c’est donc bien la seule raison qui explique ce système, dans lequel tout le monde échange de la nourriture sur le marché international plutôt que de la consommer sur place en favorisant la production locale.
Ce système basé sur l’intermédiation au profit des grandes multinationales exportatrices pénalise en premier lieu le paysan, qui s’appauvrit du fait de l’iniquité de sa rémunération, par rapport à ses coûts de production et au prix de vente sur le marché international. Au contraire, la part censée revenir de droit aux petits producteurs va directement dans la poche des multinationales et de leur actionnariat, pour gonfler leur bénéfice et leurs dividendes.
Les paysans garants de la survie de l’humanité
Or, avec la multiplication des crises alimentaires depuis 2007, l’agriculture apparait de plus en plus comme un secteur stratégique. Toujours négligée, l’agriculture paysanne apparait aujourd’hui plus que jamais, comme une solution pertinente aux problèmes structurels actuels, solution qui combine développement durable et respect de la souveraineté alimentaire. Aux quatre coins du monde, les paysans s’organisent afin de faire naître de nouvelles alternatives face aux grandes organisations internationales et multinationales qui contrôlent leur marché. Ces paysans s’organisent afin de reconquérir leurs terres, retrouver leurs semences, se réapproprier leurs savoir-faire, et regagner leur autonomie.
C’est notamment l’engagement des organisations paysannes régionales (tel que le ROPPA en Afrique de l’Ouest) ou des réseaux mondiaux (telle que Via Campesina). Souvent, les dynamiques portées encouragent l’abandon des traitements chimiques, d’autant que plusieurs récents rapports ont montré que l’agriculture industrielle a un impact écologique sans équivalent (dégradation des sols, pertes de la biodiversité, pollutions chimiques etc.), que le rendement des cultures biologiques est en moyenne comparable à celui des cultures conventionnelles, les exploitations biologiques utilisant entre 33% et 56% d’énergie en moins par hectare.[1]
C’est grâce à la mobilisation d’organisations paysannes structurées et à la multiplication de ce type d’initiatives que la transmission des savoir-faire et ressources locaux regagne peu à peu du terrain sur tous les continents, et qu’une autre agriculture sera possible.
Clotilde BATO, Directrice de SOLIDARITÉ
[ 1] ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/meeting/012/j9918f.pdf
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