A l'heure où les prix agricoles s'envolent sur les marchés boursiers, SOLIDARITÉ réaffirme son engagement envers la souveraineté alimentaire, en promouvant les ressources locales.
C'est le message que SOLIDARITÉ a porté durant le FSM de Dakar au mois de février 2011, en s'appuyant sur la création d'un espace d'artisanat alimentaire.
C’est la richesse et les suites de cette expérience que nous voulons partager avec vous sur ce blog, en attendant la mise en œuvre de projets de long terme en partenariat avec les organisations paysannes d’Afrique de l’Ouest...
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7 juin 2011

L'agroécologie au service de l'agriculture familiale


« Nous devons être fiers d’être des paysans […]
Nous sommes les êtres humains qui veillent sur la vie »
Pierre Rabhi


Qu’est ce que l’agroécologie ? 

Sous ce néologisme se cachent une science, une pratique agricole et un mouvement. Si les deux premiers se réfèrent spécifiquement à l’agronomie et l’écologie, le dernier va au-delà en prônant un mode de vie. Les tenants de ce mouvement se défendent ainsi d'une approche purement technique, mais s’appuie une approche globale basée sur la reconnaissance des savoirs et savoir-faire paysans.
L’agroécologie envisage l’ensemble du milieu dans lequel elle s’inscrit avec une véritable écologie. Elle intègre la dimension de la gestion de l’eau, du reboisement, de la lutte contre l’érosion, de la biodiversité, du réchauffement climatique, du système économique et social, de la relation de l’humain avec son environnement, etc.
Elle s’affirme comme une alternative de plus en plus nécessaire face à la défaillance du système de développement dominant, qui entrave la sécurité et la souveraineté alimentaire.
Alors que la production alimentaire actuelle suffirait à couvrir les besoins de la planète, 2 milliards d’individus souffrent toujours de la faim. Cette situation dénonciable n’est pas le seul fait d’un commerce international à double vitesse mais aussi le résultat de la combinaison d’autres facteurs négatifs :
« L’érosion intensive et la dévitalisation des sols, la perte accélérée de la biodiversité domestique, la pollution des eaux, la concentration de la production sur des mégastructures au détriment d’une production répartie sur tous les territoires, etc. ; la production massive et dispendieuse de protéines animales selon le principe hors-sol qui impose à l’animal une condition inacceptable ; la concentration urbaine ; le transport et transfert incessant de la nourriture sur toute la planète générant des dépendances et des nuisances. A cela, il faut ajouter les incertitudes climatiques, météorologiques…etc. Tout cela confisque aux populations leur autonomie et la capacité de maîtriser par elles-mêmes leur sécurité et salubrité alimentaires.» (Pierre Rabhi)
...


Au vu de cette liste impressionnante de problématiques qui touchent, il n’est pas vain de le souligner, la terre entière, l’idée de faire de l’agroécologie et de la culture biologique un mot d’ordre planétaire est loin d’être absurde. Et surtout, elle ne représenterait pas un retour en arrière comme le clament ses détracteurs. Au contraire, la diffusion de l’agroécologie comme mode de vie répondrait aux nécessités de la survie tout en respectant la vie sous toutes ses formes.
« Il s’agit simplement de mettre les acquis de la modernité au service d’un projet humain : recréer des structures à taille humaine, revaloriser la microéconomie et l’artisanat, reconsidérer l’organisation du territoire, éduquer les enfants aux valeurs de la coopération et de la complémentarité, éveiller leur sensibilité à la beauté et au respect de la vie… » (Pierre Rabhi)
Ce qui se traduit concrètement par la diffusion d’une culture agroécologique ayant le pouvoir de refertiliser les sols, de lutter contre la désertification, de préserver la biodiversité, d’optimiser l’usage de l’eau entre autres bienfaits. En cela, l’agroécologie représente aussi une alternative pertinente au service du développement rural dans des pays pauvres. 


En France, Pierre Rabhi est la principale figure du mouvement de l’agroécologie. C’est l’indignation de toute une vie face à l’état du monde qui l’a convaincu de défendre et de développer une nouvelle approche. Après avoir expérimenté sur sa propre ferme ardéchoise une méthode agricole pouvant redonner l'autonomie alimentaire aux plus démunis tout en sauvegardant leur patrimoine nourricier, il transmet son savoir-faire agroécologique à travers le monde et plus particulièrement en Europe et en Afrique, dont les agricultures sont pourtant soumises à des contraintes très différentes. Comme quoi l’agroécologie peut être « une réponse à beaucoup » faute d’avoir réponse à tout.
Pierre Rabhi est aussi philosophe et écrivain. Son dernier ouvrage, Vers la sobriété heureuse[1], relate diverses expériences de vie, qui ont amené l’auteur à cette conclusion : « Seul le choix de la modération de nos besoins et désirs, le choix d'une sobriété libératrice et volontairement consentie, permettra de rompre avec cet ordre anthropophage appelé "mondialisation". Ainsi pourrons-nous remettre l'humain et la nature au cœur de nos préoccupations, et redonner, enfin, au monde légèreté et saveur ».
L’homme au aussi donné corps à ses convictions en permettant la naissance de nombreuses structures promotrices de l’agroécologie. On notera notamment l’association Terre et Humanisme[2] ou la ferme Les Amanins[3]. Mais la plus connue reste sans nul doute la plateforme Colibris. Né fin 2006, le Mouvement Colibris[4] est un réseau qui s’adresse à tous ceux qui veulent agir, cherchent des solutions concrètes ou développent des alternatives. Par ses actions, Colibris vise à inspirer un profond changement écologique et humain de la société et à faciliter la coopération et la mise en action des citoyens, élus, entrepreneurs, etc. Des structures à l’international, inspirées des idées de Pierre Rabhi, œuvrent également à la diffusion des pratiques agroécologiques : Terre & Humanisme au Maroc, et en Roumanie,  Uaves & Caproset[5]
Pour aller plus loin dans cette diffusion, la fondation Pierre Rabhi a été créée en 2010. Sous l’égide de la Fondation de France, elle œuvre pour la sécurité, la salubrité et l'autonomie alimentaires des populations. Pour cela, la fondation soutient des projets de développement rural à taille humaine via l’essaimage des savoirs et savoir-faire agroécologiques et ce, au Nord comme au Sud. Actuellement, la Fondation soutient en partenariat avec des associations locales des projets en Roumanie, au Bénin, au Maroc, en France et au Mali.

Maëlle Bouvier, Chargée de projets à SOLIDARITÉ


Pour aller plus loin

Ce site offre toutes les informations utiles sur  l’agroécologie.

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    http://www.lemonde.fr/planete/chat/2011/06/02/posez-vos-questions-a-pierre-rabhi_1531227_3244.html

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