Pour quand le grand retour du sorgho ? (2/3)

Comme nous avons vu dans la première partie de notre article dédié au sorgho, cette céréale garde une place importante dans les régimes alimentaires des populations des pays sahéliennes de l'Afrique de l'Ouest. 

Malgré le recul de sa production au profit de celle du maïs, le sorgho constitue, selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, une des sources essentielles d'énergie, de protéines, de vitamines et des sels minéraux pour des millions d'habitants des zones tropicales semi-arides d'Afrique et d'Asie. Cette denrée alimentaire de base et sa culture jouent un rôle primordial pour la souveraineté alimentaire de ces pays, particulièrement dans les zones rurales où les revenus sont faibles. 

Pourquoi cette céréale est si précieuse en Afrique de l'Ouest et si méconnue des Européens ? Nous continuons à dévoiler les mystères du Sorghum bicolor !

Dans la classification botanique, cette plante herbacée appartient à la famille des Poaceae, à la sous-famille Panicoideae et à la tribu des Andropogoneae. Cette dernière comprend également le maïs et la canne à sucre qui est très voisine du sorgho. 

Alors que les études montrent que le sorgho a été domestiqué il y a plus de neuf mille ans au sud-est du Sahara, précisément aux confins du Soudan et de l’Égypte, il est cultivé au nord du Burkina Faso depuis environ trois mille ans. Sa diffusion en Afrique de l'Est et du Sud a été possible grâce aux grandes migrations des peuples Bantous. Aujourd'hui le sorgho se cultive sur tous les continents.

Quand vous serez à la recherche du sorgho dans les différentes régions productrices, attention à ses appellations diverses : grand mil et herbe de Guinée en Afrique de l'Ouest, blé kafir en Afrique du Sud, dura au Soudan, mtama en Afrique orientale, jowar en Inde et kaoliang en Chine, milo ou milo-maïs aux Etats-Unis. Dans son livre « Céréales - La plus grande saga que le monde ait vécue », Jean-Paul Collaert nous apprend que le nom sorgho utilisé aujourd'hui en Europe provient du mot italien sorgo, « je surgis » en français. Cette signification ferait référence à la capacité du sorgho à pousser d'un seul coup dès que les températures sont assez élevées.

Il est important de savoir que le sorgho n'est pas une seule espèce. Le Sorghum comprend plusieurs sous-espèces. La sous-espèce Bicolor regroupe par exemple les sorghos cultivés pour le grain et les sous-espèces Arundinaceum et Drumondii sont celles cultivées pour le fourrage. 

Un des avantages du sorgho repose justement dans sa diversité variétale qui offre multiples possibilités d'usage. Nous savons déjà que les graines du sorgho bicolor détiennent une place importante dans l’alimentation humaine en Afrique et en Chine. En Europe, Amérique du Nord, et Afrique du Nord, la plus grande partie de la production est destinée à l'alimentation animale (sorgho fourrager), un usage très intéressant, puisque toute la plante peut être valorisée. Les paysans chinois utilisent le sorgho sucré qui produit des tiges riches en sucre (jusqu’à 5 mètres de haut) et qui est connu pour ses qualités proches de celles de la canne à sucre. Il existe également le sorgho à balai (avec une production importante des balais dans la vallée de la Garonne au XIXe siècle) ou encore le sorgho fibre avec un rendement spectaculaire de 30 tonnes de matière sèche à l'hectare dans les meilleurs conditions. Ajoutons également que l'extraction artisanale du pigment des feuilles du sorgho rouge permet de teindre le cuir, la vannerie, le tissu, les masques, etc.

Nous pouvons lire dans le Mémento de l’agronome que « la couleur du grain du sorgho est une caractéristique variétale due à plusieurs facteurs génétiques. Elle peut aller du blanc au brun très foncé, en passant par le jaune, l'orange ou le rouge. » Les variétés plus foncées ont une teneur en tanin plus importante qui, grâce à ses composées amers, protègent le grain contre les moisissures et les oiseaux. Par ailleurs, plus le grain est clair, plus sa valeur nutritive est riche. 

Souhaitez-vous connaître les autres avantages de cette céréale mystérieuse ? Rendez-vous le mois prochain pour le troisième volet de notre enquête.

Sources : 

Jean-Paul Collaert (2013) : Céréales : La plus grande saga que le monde ait vécu

Claire König (2012) : Céréale : millet et sorgho, le mil

Association Solibam : Zaï amélioré avec compost

Ministère des affaires étrangères (2002) : Mémento de l'agronome

FAO (1998) : Le sorgho et les mils dans la nutrition humaine

MAFAP SPAA (2013) : Analyse des incitations et penalisations pour le mil et le sorgho au mali

CMA/AOC (2005) : Filière mil/sorgho dans la zone CMA/AOC,Note technique

Ministère de l’agriculture et de la sécurité alimentaire du Burkina Faso (2013) : Situation de référence des principales filières