Nous continuons avec la troisième et dernière partie de notre article sur le sorgho. Bonne lecture !
En
Afrique de l'Ouest, la culture du sorgho est orientée
majoritairement vers l'alimentation humaine. Au Mali, le mil et le
sorgho représentaient en 2007 à eux seuls 30 % de la consommation
calorique journalière du pays. Quant au Burkina Faso, 53,6 % des
ménages agricoles cultivent le sorgho rouge et 71,4 % cultivent le
sorgho blanc en saison des pluies. La consommation par habitant est
de 90-100 kg/an.
Les
grains de sorgho sont décortiqués, séchés au soleil, vannés et
réduits en farine. Cette dernière permet de préparer
des bouillies, du couscous, des galettes et,
notamment au Burkina Faso, de la pâte spéciale appelée le tô,
mangée avec différentes sauces (sauce oseille, sauce graines,
etc.).
Si vous avez déjà visité le Burkina Faso, vous avez certainement eu l'occasion de goûter également le dolo. Il s'agit de la bière locale préparée à base de sorgho rouge fermenté.
Si vous avez déjà visité le Burkina Faso, vous avez certainement eu l'occasion de goûter également le dolo. Il s'agit de la bière locale préparée à base de sorgho rouge fermenté.
Alors
pourquoi le sorgho résiste-t-il en Afrique de l'Ouest malgré les
taux de popularité croissants des aliments à base de blé et de
maïs ? Vu qu'il est cultivé notamment par des petits
agriculteurs avec des ressources en eau limitées et sans application
d'engrais ou d'autres intrants, sa capacité d'adaptation aux
conditions climatiques difficiles est primordiale. Même
si le rendement du maïs dans la région est nettement plus élevé
dans les conditions optimales (1,66 t par hectare pour maïs contre
0,89 t pour sorgho au Burkina Faso en 2011), la culture de sorgho
demande beaucoup moins d'eau et détient ainsi un vrai avantage en
cas de sécheresse.
Comme
le mil, le sorgho est connu pour pousser dans des environnements
difficiles où d'autres cultures se développent faiblement. Les deux
céréales supportent les grandes chaleurs, ce qui est précieux pour
les paysans dans les zones arides.
Étant
une plante pérenne qui boucle son cycle en moins de trois mois, le
sorgho peut être récolté plusieurs fois par an, ce qui constitue
un autre grand avantage. Enfin, le sorgho possède un pouvoir
notable : il a la capacité d’absorber l'azote minéral du sol
pour ses propres besoins. Cet aspect est bénéfique pour les paysans
qui n'ont pas forcement accès aux engrais organiques. Par ailleurs,
cette caractéristique présente l'avantage de détoxifier les sols
gavés d'azote, technique pouvant être utilisée dans les régions
ou l'on applique des quantités importantes d'engrais chimiques.
Au
Burkina Faso, les paysans ne cessent d'améliorer les semences ainsi
que les techniques de culture. Comme nous explique Jean-Paul
Coleart, « ils ont sélectionné la race Guinea, aux grandes
pannicules lâches qui présentent l'avantage de sécher facilement,
donc avec moins de risques de moisir lors de la saison des pluies ».
Souvent, ils associent la culture du sorgho à celle du nièbe (Vigna
unguiculata), haricot
africain de taille moyenne. Cette association permet de réduire le
ruissellement et l'érosion des sols, d'améliorer la fertilité du
sol en matière organique et azote et de lutter contre les maladies
de culture. Le ministère burkinabé de l'agriculture reconnaît
qu'un vrai savoir-faire paysan a été développé et qu'il ne
devrait pas être perdu au profit des autres céréales.
Si
vous suivez régulièrement notre blog, vous avez sûrement remarqué
notre série d'articles dédiée au zaï, technique agricole
traditionnelle originaire de l'Afrique de l'Ouest. Les différentes
expérimentations ont montré que cette méthode, notamment avec les
grands poquets et associée à l’amendement du compost, peut
presque doubler le rendement du sorgho sur les terres dégradées
en régions sahéliennes !
Le
sorgho n'a donc pas encore dit son dernier mot. Les savoir-faire
anciens couplés avec les nouvelles variétés améliorées
pourraient en faire une des céréales de l'avenir. Il s'agit d'une
céréale passionnante et je vous recommande chaudement de voir le
film de cinéaste chinois Zhang Yimou « Le sorgho rouge »
qui vous permettra de découvrir la fabrication artisanale du vin de
sorgho en Chine rurale.
Sources
:
Jean-Paul
Collaert (2013) : Céréales : La
plus grande saga que le monde ait vécu
Claire
König (2012)
: Céréale : millet et sorgho, le mil
Association
Solibam : Zaï amélioré avec compost
Ministère
des affaires
étrangères (2002) :
Mémento
de l'agronome
FAO
(1998) :
Le
sorgho et les mils dans la nutrition humaine
MAFAP
SPAA (2013) : Analyse
des incitations et penalisations pour le
mil et le sorgho au mali
CMA/AOC
(2005) :
Filière
mil/sorgho dans la zone CMA/AOC, Note technique
Ministère
de l’agriculture et de la sécurité alimentaire (2013) :
Situation
de référence des principales filières agricoles au Burkina Faso
Fao
et Institut international de recherche
sur les cultures des zones tropicales semi-arides (1997) :
L'économie Mondiale du Sorgho et du
Mil: Faits, Tendances et Perspectives
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